« […] [Selon les journalistes « fact-checkeur »], les populations écumantes de colère se mettent à croire n’importe quoi et n’importe qui. Au fait, pourquoi en sont-elles venues ainsi à écumer de colère, sous l’effet de quelles causes, par exemple de quelles transformations économiques, comment en sont-elles arrivées au point même de se rendre aux pires mensonges? C’est la question qu’il ne vient pas un instant à l’idée du journalisme «fact-checkeur» de poser. […] La philosophie du fact-checking, c’est que le monde n’est qu’une collection de faits […], que les faits ne mentent pas, et qu’ils suffisent à décrire le monde. C’est également qu’il n’y a plus rien à discuter, hormis des vérités factuelles. […] des faits correctement établis ne seront jamais le terminus de la politique mais à peine son commencement, car des faits n’ont jamais rien dit d’eux-mêmes, rien! Des faits ne sont mis en ordre que par un travail de médiations. Ils ne font sens que saisis du dehors par des croyances, des idées, des interprétations, bref, quand il s’agit de politique.[…] »